Les dépôts coquilliers constituent des milieux particuliers pour lesquels se pose le problème de la possibilité et la validité d'une exploitation stratigraphique, question dont la réponse conditionne de façon déterminante la méthode de fouille qui pourrait leur être appliquée. Les fouilles que l'auteur a éffectuées en Côte d'Ivoire, notamment sur le site de Songon Dagbé, lui permirent de mettre en évidence le caractère hiérarchisé de ces dépôts qui se structurent en quatre niveaux, dits ici ordres. Les particularités des milieux coquilliers sont dues à la nature essentiellement anthropique de leurs sédiments et à leur caractère de décharge (domestique). Ils ne s'organisent pas dans un plan, comme les niveaux d'occupation des sédiments naturels, mais dans l'espace, et le temps n'y trouve pas une transcription linéaire, mais s'y exprime dans les trois dimensions. Après quelques réflexions sur leur mode de constitution en fonction de leur économie et leur taphonomie, il apparaît que ces caractéristiques, alliées à la signification des différents ordres, font que la notion de stratigraphie n'est pertinente que pour les dépôts d'ordre 1 alors qu'elle se trouvve dépurvue de signification pour les autres (ordres2,3 et 4). La fouille d'un milieu coquillier ne peut donc pas se faire en stratigraphie naturelle ou artificielle, ni en planigraphie. Il est proposé une méthode organisée à partir de l'unité structurelle pertinente culturellement et chronologiquement, qui correspond ici aux dépôts d'ordre 3.