Les fouilles récemment entreprises sur le site des Conques, à Vingrau, indiquent deux occupations successives de chasseurs magdaléniens dans cette petite grotte des contreforts méridionaux des Corbières. L'étude pluridisciplinaire permet de cadrer ce remplissage dans le Dryas ancien, correspondant à une phase froide et relativement sèche selon les analyses sédimentologiques, palynologiques, anthracologiques, malacologiques et paléontologiques. Les industries lithiques révèlent un territoire d'approvisionnement assez vaste, de près de 35 km de diamètre, correspondant aux approvisionnements de matières premières très classiques dans la région depuis le Paléolithique inférieur. L'ensemble de l'industrie lithique et osseuse semble présenter une variation, indiquant une appartenance de la couche supérieur C2 au Magdalénien final, tandis que le premier niveau, C3, serait plutôt Magdalénien moyen. L'étude taphonomique du matériel osseux de la couche la plus ancienne a permis de différencier et de comprendre les stratégies de subsistance utilisées dans la couche C3 pour les grands mammifères : renne et bouquetin des Pyrénées (à peu près dans les mêmes proportions), puis cerf. L'inventaire des ossements conservés dans la grotte indique que les carcasses étaient apportées entières ; la proportion des phalanges, des côtes, des vertèbres et des fragments crâniens illustre bien cette idée. Les bois de renne ou de cerf ont été travaillés sur le site. La faiblesse du nombre d'individus et la variété de la chasse, en incluant les lagomorphes, très nombreux sur le site, ne font pas de cet assemblage un site spécialisé comme les sites magdaléniens de l'Aude ou de l'Ariège ; toutefois, la période d'occupation semble relativement courte, et il nous faut donc proposer une autre forme de fonction à ce campement temporaire de chasseurs. L'intérêt de ce gisement est également géographique : le site se place au coeur du problème des influences et des circulations des hommes et des animaux entre l'Aude, l'Ariège et la Catalogne Sud.