Il est clair que notre appréhension de la réalité sociale des Magdaléniens d'Etiolles a évolué au fur et à mesure des études. La variété des systèmes a d'abord trouvé une interprétation de type diachronique (Pigeot et al. 1991). L'interaction manifeste entre le silex et la société peut être expliquée par deux propositions : soit une moindre pression des contraintes matérielles entraînant un relâchement de l'organisation sociale, soit l'inverse, une moindre rigidité de la société conduisant à une sélection moins ambitieuse des matières premières et à une relative liberté face aux activités de débitage. Toutefois, cette interprétation privilégiant la dimension temporelle ne peut être seule retenue car les recherches actuelles, fondées sur la comparaison entre plusieurs structures d'habitat contemporaines, montrent des gestions du silex également diversifiées. Si on envisage une organisation sociale différenciée à l'échelle du campement et une spécialisation, même relative, des activités de taille entre certaines unités familiales, on voit alors se dessiner un modèle plus nuancé et complexe que celui classiquement mis en avant et présentant les unités sociales d'un groupe de chasseurs-cueilleurs comme des composantes autonomes du point de vue de l'acquisition des ressources et de la fabrication des outils. Les faits à Etiolles nous rappellent que les relations sociales, même dans un groupe de nomades, peuvent être beaucoup plus complexs et ambivalentes que celles que l'on ose envisager en préhistoire.