Bibliogr. p. 250-260. Bibliogr. en fin de contributions

Comprend :
Volume 1 : Résultats
Volume 2 : Études spécialisées
Volume 3 : Planches

L’occupation rubanée est de loin la plus dense avec 23 bâtiments identifiés, un tronçon de fossé, trois puits à eau et une quinzaine d’inhumations. Les maisons offrant des plans lisibles appartiennent aux trois grandes catégories définies par Moddermann : leur conservation partielle limite malheureusement considérablement les possibilités d’étude architecturale.
Nous avons cependant pu montrer qu’à l’instar de ce que nous avions souligné sur le site de Bischoffsheim, les maisons de l’étape récente étaient en règle générale de module plus important que leurs homologues des étapes ancienne et moyenne. Plus intéressant encore, il semble qu’à Entzheim l’orientation des maisons varie au cours du temps, selon un processus identique à celui mis en évidence sur le site de Bischoffsheim, soit un glissement progressif du grand axe des bâtiments vers l’axe estouest entre l’étape ancienne et le stade ivb. Trois puits sont regroupés dans un même petit périmètre, à la limite orientale de l’établissement ; ce regroupement des puits en limite du village a également été noté sur le site d’Ittenheim / Complexe Sportif. Il est plus que probable que ces structures se succèdent dans le temps. Dans les trois cas, il s’agit de puits pourvus de caissons internes édifiés dans de grandes fosses d’installation de plan circulaire.
L’une des originalités du site rubané est d’avoir livré un nombre étonnement élevé d’inhumations réparties sur l’ensemble de la surface décapée. Le corpus régional des inhumations en habitat se voit en effet aujourd’hui multiplié par deux grâce à cette découverte. La majorité de ces inhumations correspondent à des sépultures régulières en tombe plate. D’autres inhumations doivent être qualifiées d’irrégulières : il s’agit notamment d’une inhumation dans une fosse très étroite, probablement de type « fente » et de deux inhumations en fosse d’habitat dont une offrant des traces de manipulation post-décompositionnelle. Parmi les découvertes les plus étonnantes, citons également le dépôt simultané d’un enfant et d’une encornure de bovidé.
L’occupation Roessen ii se limite à un petit ensemble funéraire regroupant quatre tombes d’individus immatures. Ces inhumations doivent probablement être rapprochées des inhumations multiples mises au jour en 2008 sur le secteur du « Lotissement ». L’enceinte qui occupe le sud du décapage appartient à la catégorie des enceintes de « type Rosheim ». Elle n’a été que partiellement dégagée et son plan complet reste pour l’heure inconnu. De plan sub-circulaire ou ovale et d’un diamètre maximal de 155 m, cette structure se compose de 24 sections distinctes elles-mêmes subdivisables en une soixantaine de creusements indépendants, longs de 3 à 8 m et se recoupant partiellement. Cette enceinte est donc composée par un « pseudo-fossé » graduellement formé par la juxtaposition, sur une longue durée, de creusements relativement courts et rapidement comblés après leur ouverture. Le mobilier recueilli permet de retenir l’hypothèse d’une fondation du monument lors de l’horizon Bischheim. Il est ensuite utilisé sans interruption lors de l’horizon Bruebach-Oberbegen, puis bors/mk ancien. Les segments n’ont guère livré d’indice quant aux types d’activités accueillies par l’enceinte mais d’autres exemples amènent à retenir sans réserve son caractère cérémoniel. L’un des apports majeurs de cette enceinte est d’ordre chronologique : elle permet en effet, et au même titre que les enceintes de Duntzenheim et Meistratzheim, de tisser un lien continu entre les prototypes du Rubané et les enceintes à fossés discontinus du Néolithique récent. La vingtaine de fosses datées entre le Bischheim et le bors, toutes très arasées, sont localisées à l’intérieur de l’enceinte et entretiennent donc avec elle un lien structurel : on pourrait affirmer la même chose des inhumations datées du même horizon qui sont, quant à elles, localisées (à une exception près) à l’extérieur de l’enceinte. Ces 8 inhumations sont pour la plupart dans un très mauvais état de conservation et les données recueillies vont rarement au-delà de l’orientation et - dans le meilleur des cas - de la position des corps. Il n’empêche que ces données, même très lacunaires, sont parmi les premières recueillies sur les rituels funéraires de la seconde moitié du v e millénaire. La mise en évidence de petits regroupements de sépultures est un des apports importants de cette fouille.
Le Néolithique récent enfin n’est pas en reste avec une trentaine de structures de type « fosse de stockage » qui ont livré un mobilier attribuable au Michelserg III et au Munzingen b. Les ensembles les plus riches peuvent tous être considérés comme des ensembles mixtes où coexistent les deux traditions céramiques. Cet horizon chronologique a également livré son lot de découvertes originales avec un puits à eau - aujourd’hui isolé en domaine Michelsberg - et un dépôt (une sépulture ?) de chien accompagné d’un vase brisé, d’un fragment de meule et d’un fémur de boeuf. On note également une inhumation d’immature, mal conservée, dans le comblement d’une fosse de stockage désaffectée.