Bibliogr. p. 48

La commune de saint-Fiel est située à environ 5 km au nord de Guéret. Elle est installée au sein d’un paysage de plateaux vallonnés et inclinés s’abaissant doucement vers le nord jusqu’à la vallée de la Creuse, qui est parfois profondément incisée. Cette région est assise sur un massif granitique d’âge primaire très arénisé et largement remodelé par le réseau hydrographique.
Dans l’angle nord-ouest de la parcelle AV 74, une vingtaine de structures fossoyées a été découverte sur une superficie d’environ 5 400 m².
Un fossé orienté nord-sud semble encadrer l’occupation à l’est et favoriser le drainage des eaux de ruissellement très présentes sur l’ensemble du terrain. Les vestiges sont inégalement répartis sur l’ensemble du site. Dans la moitié orientale, l’occupation est très lâche : deux trous de poteaux et quelques tronçons de fossés dont un présente un angle arrondi et pourrait appartenir à un enclos. A l’ouest, une concentration de structures fossoyées a été dégagée sur une surface d’environ 60 m². L’extension totale de cette zone dense n’a pas été atteinte.
Elle semble toutefois limitée à l’est par le fossé St. 38 au profil en « V » tronqué. Les structures qui apparaissent en moyenne sous 0,25 m de terre végétale et de colluvions, présentent un état de conservation moyen, avec une profondeur de 0,20 à 0,30 m pour les fossés et 0,15 m pour les trous de poteaux, à l’exception du trou de poteau St. 23 mesurant 0,40 m de profondeur. Les fréquents recoupements entre les trous de poteaux, fosses et fossés ou rigoles démontrent la succession de différents états mais gène la lisibilité de l’organisation spatiale. Aucun plan de bâtiment par exemple n’a pu être mis en évidence. La rareté du mobilier retrouvé rend difficile la datation des vestiges et ne permet pas d’affiner les relations relatives observées. Elle gène également la détermination de la nature de l’occupation qui pourra être défi ni par la fouille exhaustive des vestiges.
Parmi les quelques artefacts en céramique, un fond annulaire parait de facture antique. Toutefois l’occupation principale semble se développer au Haut Moyen Age, et plus précisément pendant la période carolingienne. Un pot retaillé en coupe a été retrouvé dans le comblement de la structure 3. En Poitou, ces vestiges sont fréquents entre le IXe et le XIe siècle.
Les sites archéologiques ruraux médiévaux sont peu connus en Creuse. La datation de cet indice de site repose seulement sur quelques tessons de céramique. Elle mériterait d’être confirmée par de plus amples recherches. Dans la mesure de nos observations, le site paraît limité à l’angle nord-ouest de l’emprise du futur lotissement. Il pourrait cependant s’étendre sur les parcelles à l’ouest du chemin rural. L’extension et la nature des vestiges font privilégier l’hypothèse d’une vocation agricole du site avec une zone d’habitat et/ou d’activité à l’ouest, où a été retrouvée la plus forte densité de structures, et une zone de culture ou de pacage à l’est, délimitée par des fossés dont le rôle drainant est fort probable compte tenu du caractère très humide de la parcelle. Toutefois l’existence d’activités artisanales ne peut pas être totalement exclue. Si cet indice de site témoigne de l’occupation de ce terroir dès le Haut Moyen Age, il est vraisemblablement lié à un habitat plus important non localisé dont il pourrait constituer une annexe.