Bibliogr. p. 57

Une opération de diagnostic a été menée sur la commune de Saint-Gervais en octobre 2013, dans le vallon des Écouges à 1 085 m d’altitude. Elle fait suite à la découverte fortuite de silex taillés réalisée fin septembre 2012 lors de travaux forestiers sur une parcelle de 1 100 m². Cinq sondages ont été réalisés précautionneusement à la mini-pelle dans les rares secteurs restant non perturbés par les décaissements de 2012. Ils représentent 145 m² de surface ouverte, mais ne nous ont pas livré de vestiges pouvant justifier l’engagement de sondages manuels supplémentaires. Les formations superficielles traversées sont minces mais relativement précieuses dans un massif pré-alpin calcaire où les sols sont souvent mal conservés : il s’agit d’un paléosol limono-sableux développé sur le substrat molassique tertiaire ; ce paléosol atteint jusqu’à 0,40 m d’épaisseur et soutient directement l’humus forestier actuel, indiquant une position de palimpseste pour les occupations humaines qui s’y sont succédées. Des éléments lithiques taillés y sont enveloppés dans sa partie supérieure, juste sous l’horizon racinaire ; cependant ils se présentent de manière isolée ou de faible densité (moins de 0,5 pièce par m²). Le corpus de mobilier lithique, composé de 119 éléments (71 pièces ramassées en 2012 et 46 issues du diagnostic) montre trois composantes techniques se rapportant à l’Épipaléolithique, à un Mésolithique moyen et/ou final, et peut-être un élément néolithique. Ce dernier est confirmé par l’obtention d’une date C14 sur charbons de bois, 4880+- 30 BP soit Cal BC 3710 à 3640 (Beta-365864) qui désigne l’extrême fin du Néolithique moyen et la transition vers le Néolithique récent. L’exploitation des matières premières est opportunistes, favorisant une taille sur place de ressources locales prélevées au fond des cours d’eau (Versoud et Drevenne). Notons également la présence d’une petite concentration céramique de l’âge du Fer 1. Au total, et malgré la faiblesse numéraire des éléments mobiliers, les résultats de cette opération sont positifs mais modestes, du fait de l’état du terrain et de sa destruction déjà bien avancée. Néanmoins, la station de plein air de Saint-Gervais « Le Grand Tournant » implantée à 1 080 m d’altitude vient compléter le schéma d’implantation peu documenté dans ce secteur des Écouges, et montre – par ces ré-occupations – l’attractivité d’un lieu stratégique commandant le passage entre la plaine de l’Isère et le plateau du Vercors.