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Aix-en-Provence : LA3M - Labo. d'Archéol. Médiév. & Moderne en Méditerranée Libre accès | Papier | PER - Cah. St Mich. Cuxa (Browse shelf(Opens below)) | Available |
Bibliogr. p. 58
De 2007 à 2011 un projet collectif de recherche interuniversitaire a entrepris le relevé et l’étude archéologique, historique, archivistique et artistique de l’abbaye de Lagrasse, en enrichissant substantiellement la connaissance du monument pour être en mesure de proposer une nouvelle restitution et datation de ses états successifs, dont ceux de l’église abbatiale. Si sa reconfiguration gothique en a profondément changé l’architecture, l’abbatiale de Lagrasse conserve d’importants éléments ou vestiges de son état du premier âge roman qui résultait sans doute à son tour de la modification substantielle d’une église antérieure, soit préromane, soit carolingienne : c’est vers le second quart ou milieu du XIe siècle que cet édifice du haut Moyen Age dont les traces font encore défaut fut mis au goût du jour par la réfection au moins partielle des murs gouttereaux, dotés de portes et de fenêtres et ouvrant par de larges et hautes arcades sur deux bras d’un transept fortement saillant. Non alignés, désaxés et inégalement dimensionnés mais tout de même symétriques, ces bras étaient dotés chacun d’un triplet d’absidioles rythmé par le surdimensionnement de l’absidiole centrale. Sous cette forme dans son état du second quart ou tiers du XIe siècle, complétée au nord par la présence d’une tour préromane, l’abbatiale de Lagrasse n’était pas sans analogies avec celle de Cuxa, dont l’histoire est liée à celle de Lagrasse, et avec celle de l’abbatiale de Ripoll qui était alors placée sous l’autorité du même Oliba, abbé bâtisseur dont les travaux à Cuxa comme à Ripoll procédaient sans doute d’une même volonté d’actualiser l’héritage architectural selon le répertoire formel, les modes de construction et les conceptions liturgiques de l’époque. En outre, les fouilles conduites dans le cadre d’un second projet collectif de recherche ont mis au jour les vestiges du projet d’un grand chevet gothique polygonal à chapelles rayonnantes qui fut abandonné et démonté pour faire place à la construction du modeste chevet carré de l’église actuelle, vers le début du XIVe siècle : ce grand chevet avorté amorçait-il le projet d’une nouvelle église gothique dont la mise en oeuvre fut empêchée par un contexte politique et économique défavorable ? L’église du premier et du début du second millénaire aurait, dans ce cas, échappé à une destruction complète, et ses transformations auraient ainsi contribué en fin de compte à sa préservation. [Souces : éditeur]
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