Vol. 1, Les données de terrain (tome 1 et tome 2) ; Vol. 2, les études spécialisées (tome 1 et tome 2)
Cette fouille, proche du Vieux-Port à Marseille, a permis la mise au jour de plusieurs dizaines de tessons d’origine antique; certains sont dans des couches médiévales, mais d’autres semblent se trouver dans des niveaux plus anciens. Le niveau le plus ancien, dans un sondage proche de la Canebière, était composé d'une couche de sable de couleur grise sur lequel reposaient des amphores massaliètes du milieu du IVe s. av. J.-C.. Elles ont retrouvées fragmentées mais entières, entourées de restes de branches de pins conservées grâce à la présence de l'eau (nappe phréatique). Au-dessus, la fouille a mis au jour des couches très argileuses (argile stampienne); la rareté du matériel céramique rend difficile toute datation de ces niveaux.Dans la partie centrale est apparu un gros mur constitué de deux parements et d'une blocage interne. Cette construction est liée à des niveaux de comblements marins et semblerait être un mur d'époque romaine.
La présence, ainsi que la qualité de préservation du faubourg médiéval constitue le deuxième élément important de cette fouille. On retrouve ainsi la trace d’un urbanisme important totalement effacé à la fin du Moyen-âge (il ne figure pas sur les plans les plus anciens que nous ayons) mais dont les axes ont perduré jusqu’à l’époque moderne. Ce quartier s'organise autour d'une voie principale, l'ancien chemin de Saint-Giniez, qui longeait le rempart dans sa partie proche de la ville.
La fortification avec toute son organisation structurelle ajoute à la connaissance du système défensif de la ville. Le rempart a été retrouvé en limite occidentale de la fouille (côté Vieux-Port); il protège le Plan Fourniguier, aire de réparation navale au Moyen Âge. Il est construit en blocs de taille moyenne, liés au mortier, et présente un glacis sur son parement externe. Un fossé s'étend au pied de l'enceinte. Il était cloisonné par une série de murs perpendiculaires à l'enceinte ; la fouille a permis d'en retrouver deux, dont un très bien préservé puisqu'il présente encore le chaperon de pierre trapézoïdal qui le couronnait. Son comblement, très proche des milieux marécageux, est récent car il contient des céramiques d'époque moderne. Il a dû être en usage jusqu'à la fin du XVIe s.
La rue principale de ce quartier est l'ancienne rue Paradis, dont l'axe en diagonale par rapport à la place n'a été rectifié qu'au début du XVIIIe s. Large d'environ 7 m, elle est constituée de galets enfoncés dans une couche d'argile (système de calade), avec des raidisseurs (galets plus gros alignés dans le sens de la voie) et des nids de poule rebouchés avec des éléments de construction. Dans la partie nord,une autre petite rue a été fouillée qui drainait les eaux de pluie vers un caniveau central.
Deux ensembles de bâtiments ont été dégagés : le premier se trouve dans la partie nord du site, à l'est de la voie principale. Il comprend toute une série de bâtiments mitoyens, dont la façade ouvre sur la rue. Au sud, une deuxième zone d'habitation apparaît entre la rue et la fortification.
La mise au jour de la totalité de cet habitat et sa liaison avec la fortification amèneront nécessairement à reconsidérer l’évolution de la Ville de Marseille, dans un quartier proche du port mais en dehors de son enceinte.
Enfin, la transformation du quartier médiéval à l'époque moderne a également été suivie. Dans la moitié nord , le fossé est comblé, la destruction du rempart vers 1160 et la construction du premier arsenal des galères s'effectuent sur les niveaux de ruissellements issus des jardins situés à l'emplacement des maisons médiévales. Dans la partie sud, dans la seconde moitié du XVIIe s., un îlot de maisons est construit. La fouille a retrouvé les traces de ce bâti : installée dans un milieu humide, la fondation s'est faite sur des pieux de bois d'environ 60 cm de haut, surmontés de deux assises de réglage. Au début du XVIIIe s., la bas de la rue Paradis est réaligné pour former un angle droit avec la Canebière. L'îlot de maisons est reconstruit, là encore, sur des pieux de bois.
Pour avoir servi de lieu de réunion à des révolutionnaires, une des maisons fut détruite vers 1800, ébranlant le reste de l'îlot qui fut détruit peu après.
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