Bibliogr. p. 74-77

Le diagnostic a livré les traces d’une occupation illustrant principalement les périodes de La Tène A/B, La Tène C et gallo-romaine.
La première présente une installation rurale durant l’époque de La Tène A/B dispersée sur l’ensemble de l’emprise. Elle se caractérise par : l’installation de bâtiments à vocation agricole permettant de toute évidence le stockage des céréales et l’ensilage de grande capacité ; l’aménagement de plusieurs silos périphériques aux dimensions plus modestes ; la création de réseaux fossoyés relativement denses qui pourraient être mieux caractérisés dans le cadre d’une fouille.
Dans le contexte local, ce type d’établissement rural peut être étroitement rapproché des occupations de La Tène ancienne mises au jour à moins de 2,5 km sur le site de Dourges "Delta 3". Une construction à double nef au demeurant plus rare peut trouver des comparaisons sur des sites de Picardie occidentale tels Harbonnières "le Chemin de Bayonvilliers", à Quivières "l’Efourchon du Chemin de Saint-Quentin". De même, la présence de silos de différentes contenances a pu être mise en évidence à Cizancourt "la Sole des Galets" et à Ham "le Bois à Cailloux 2". Cette particularité semble traduire un "système de gestion élaborée des réserves qui souligne la diversité de la destination des stocks" (Buchez, 2011).
Le faciès mobilier qui caractérise cette occupation notamment au travers des vestiges du silo F. 52 apparait assez "privilégié". La présence exceptionnelle d’un tesson d’amphore de Marseille si éloigné des circuits habituels de sa diffusion soulève de nombreux questionnements quant à la nature et au statut du site et à sa place dans le contexte régional et extra régional durant les Ve et IVe s. av. notre ère.
La deuxième installation illustrant la période de La Tène C s’inscrit, visiblement dans la continuité de l’occupation domestique de cette zone. Elle se caractérise essentiellement par une zone funéraire composée de deux monuments à crémation révélant par leur configuration particulière et par la qualité des dépôts récoltés (vases ornés), un "statut social" spécifique pouvant se différencier d’une simple sépulture ordinaire. La présence d’une délimitation symbolique fossoyée prenant la forme d’un enclos quadrangulaire dont les angles sont orientés sur les points cardinaux, constitue de toute évidence un indice de singularité que l’on peut d’ailleurs observer sur d’autres nécropoles régionales.
Si les enclos funéraires sont relativement courants en Champagne-Ardenne sur une période chronologique longue allant de l’âge du Bronze moyen à la Tène finale, la situation diffère en Picardie et dans le Nord-Pas-de-Calais. Ce type de vestige au demeurant exceptionnel apparait plus tardivement vers La Tène B2. Un statut particulier semble leur être conféré du fait que leur accès semble plus restrictif voir exclusivement attribué à un nombre restreint d’individus. À ce premier stade d’investigation, ces monuments funéraires semblent s’inscrire plutôt dans l’émergence d’une classe paysanne enrichie.
La présence d’une occupation romaine n’a, quant à elle, pas clairement pu être caractérisée lors de ce diagnostic. L’indice le plus probant réside surtout dans la présence de tessons romains aux extrémités nord-est du double fossé curviligne.
Enfin, la mise au jour de deux artefacts caractéristiques des industries Deûle-Escaut durant la fin du IIIe millénaire av. notre ère (armature de flèche, grattoir) souligne l’importance d’un examen attentif du matériel lithique à l’occasion d’une éventuelle fouille.