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« Rue de la Mercerie », parcelles AZ 46 et 127, Vire (Calvados) : Habiter et exploiter le Bocage virois au Moyen-Âge et à l'époque Moderne : le parcellaire médiéval et la ferme de la Ruaudière à Neuville (XIIe-XIXe s.) : rapport de fouille / sous la direction de Hélène Dupont ; avec les contributions de Eva Buisson, Stéphanie Dervin, Sébastien Giazzon et al. ; avec la participation de Karine Chanson, Stéphanie Clément-Sauleau, Sébastien Decaen et al.
Rapport de fouille
Publication: Cesson-Sévigné : Inrap GO, 2013 Description: 1 vol. (568 p.) : couv. ill. en coul., fig. ; 30 cmLangue: FrançaisPays: France Auteur principal: Dupont, Hélène, 19..-, archéologue Autre auteur: Buisson, Eva, Auteur; Dervin, Stéphanie, Auteur; Giazzon, Sébastien, Auteur; Chanson, Karine, Auteur; Decaen, Sébastien, Auteur; Clément-Sauleau, Stéphanie, Auteur Résumé: La fouille a permis de mettre au jour, dans la partie ouest de l’emprise, une première occupation datée du XIIe siècle sous la forme d’un enclos fossoyé curviligne d’environ 700 m². Aucune structure bâtie ne lui est associée. La parcelle présente des divisions fossoyées non visibles sur le cadastre du XIXe siècle. L’étude archéogéographique a permis de mettre en relation les limites fossoyées trouvées en fouille et l’organisation parcellaire régulière et quadrillée, présente sur un espace compris entre la rive gauche de l’Allière et le versant nord de la barre de granite de Vire. La mise en place de la trame générale de cette organisation semble antérieure au réseau médiéval de circulation tandis que l’abandon des fossés situés dans l’emprise semble se situer entre le XIVe et le XVe siècle. Six bâtiments ont été dégagés : cinq sont orientés nord-sud, deux d’entre eux s’alignent et s’installent sur un faisceau de fossés. La première campagne de construction de la ferme de la Ruaudière correspond à la création au nord de l’emprise, d’un bâtiment quadrangulaire maçonné en moellons de schiste (12.5 m x 7.5 m), divisé en deux espaces de 41 (pièce de vie) et 15 m² auquel s’ajoute une petite cave maçonnée divisée en trois compartiment d’environ 2 m² chacun. La seconde pièce est interprétée comme un cellier ou une laiterie au regard de sa relation directe avec la cave située au nord et dont les compartiments sont recouverts d’un enduit au mortier hydraulique. L’idée d’une laiterie est renforcée par la présence dominante de vaisselle en grès du Mortanais- Domfrontais liée à transformation du lait. Une cour excavée et remblayée est associée à ce bâtiment, cour qui communique vers une parcelle vide de construction à l’ouest. La période d’occupation de cet ensemble se situe entre la fin du XIVe et le XVIIe siècle. Un second bâtiment situé au sud ouest de la parcelle - probablement une annexe agricole - est peut-être construit lors de cette première phase. Une seconde campagne semble se situer plutôt dans la première moitié du XVIIe siècle : deux bâtiments sont construits en respectant l’orientation des fossés et les comblent. Un troisième bâtiment complète l’ensemble. Leurs dimensions et leur mode de construction semblent comparables à ceux de la première campagne de construction. Une cour excavée et remblayée de blocs de schiste est associée à ces bâtiments maçonnés dont il ne subsiste que des tranchées de récupération de murs et un lambeau de niveau de sol en terre battue. Enfin, une dernière phase de construction permet la création d’un bâtiment d’habitation à l’emplacement de celui situé au sud de l’emprise, orienté sud-nord. Les fondations d’une tourelle d’escalier saillante en forme de fer à cheval ont été dégagées à l’angle sud-ouest de la construction. L’ensemble de la ferme semble être occupée au moins jusqu’au début du XVIIIe siècle et est ainsi délaissée au milieu du XVIIIe siècle au profit de la parcelle située le plus à l’est. Sans qu’aucun texte faisant référence directement à la Ruaudière n’ait encore été trouvé, une étude d’archives préliminaire a permis de situer cette exploitation dans les réseaux de pouvoirs seigneuriaux de Neuville à l’époque Moderne et, couplée avec l’étude des réseaux viaires et parcellaires par les méthodes d’archéogéographie, a permis de dégager des hypothèses quant à son statut : il s’agirait en effet d’une ferme de moyenne importance exploitée sans doute par des fermiers dont le statut précis – propriétaire ? Exploitant ? - reste à déterminer. Cependant, la présence de la tourelle d’escalier dans la maison d’habitation de la dernière phase d’occupation pourrait indiquer la volonté par le propriétaire de paraître ou pour le moins de se positionner au sein d’une certaine élite paysanne. L’exploitation a une position intéressante dans le terroir de Neuville entre un micro-plateau « labourable » et la proximité de la « rivière de la Mercerie » propice au pâturage ou au pré de fauche. La ferme se place également au coeur d’un circuit d’échanges commerciaux de transformation du lait : la poterie en grès produite à Ger et particulièrement destinée à la production du beurre (Vire-Isigny) à l’époque Moderne domine largement les artefacts céramique sur le site. La cave à compartiments du bâtiment d’habitation de la première phase est sans doute destinée à conserver quelques jours les jattes en attendant la montée de la crème pour la confection du beurre. La laiterie est une pièce que l’on trouve couramment dans les logis des fermes – mais rarement étudiée par l’archéologie - et également dans les centres d’exploitation de domaine seigneurial, et ce durant toute l’époque Moderne. L’intérêt de ce site réside ainsi en la caractérisation des bâtiments d’habitation et d’exploitation d’un domaine agricole roturier habité par une certaine élite paysanne. Précisons enfin que ce site permet d’étudier un type d’habitat délaissé par l’archéologie et permet d’approcher, de concert avec les historiens modernistes, la notion d’élite paysanne à l’époque Moderne au regard de la manière d’habiter et d’exploiter le Bocage virois..Mots libres: Laiterie -- Etude archéogéographique . Item type: Rapport de fouille
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Paris : INRAP - Institut national de recherches archéologiques préventives Accès réservé (RF)14.VIR.Dup.13 (Browse shelf(Opens below)) Not for loan Vérifier la disponibilité d'une version numérisée sur le catalogue Dolia : http://multimedia.inrap.fr/Dolia/p-17038-Accueil.htm BRT1-0002291

Bibliogr. p. 361-372

La fouille a permis de mettre au jour, dans la partie ouest de l’emprise, une première occupation datée du XIIe siècle sous la forme d’un enclos fossoyé curviligne d’environ 700 m². Aucune structure bâtie ne lui est associée. La parcelle présente des divisions fossoyées non visibles sur le cadastre du XIXe siècle. L’étude archéogéographique a permis de mettre en relation les limites fossoyées trouvées en fouille et l’organisation parcellaire régulière et quadrillée, présente sur un espace compris entre la rive gauche de l’Allière et le versant nord de la barre de granite de Vire. La mise en place de la trame générale de cette organisation semble antérieure au réseau médiéval de circulation tandis que l’abandon des fossés situés dans l’emprise semble se situer entre le XIVe et le XVe siècle. Six bâtiments ont été dégagés : cinq sont orientés nord-sud, deux d’entre eux s’alignent et s’installent sur un faisceau de fossés. La première campagne de construction de la ferme de la Ruaudière correspond à la création au nord de l’emprise, d’un bâtiment quadrangulaire maçonné en moellons de schiste (12.5 m x 7.5 m), divisé en deux espaces de 41 (pièce de vie) et 15 m² auquel s’ajoute une petite cave maçonnée divisée en trois compartiment d’environ 2 m² chacun. La seconde pièce est interprétée comme un cellier ou une laiterie au regard de sa relation directe avec la cave située au nord et dont les compartiments sont recouverts d’un enduit au mortier hydraulique. L’idée d’une laiterie est renforcée par la présence dominante de vaisselle en grès du Mortanais- Domfrontais liée à transformation du lait. Une cour excavée et remblayée est associée à ce bâtiment, cour qui communique vers une parcelle vide de construction à l’ouest. La période d’occupation de cet ensemble se situe entre la fin du XIVe et le XVIIe siècle. Un second bâtiment situé au sud ouest de la parcelle - probablement une annexe agricole - est peut-être construit lors de cette première phase. Une seconde campagne semble se situer plutôt dans la première moitié du XVIIe siècle : deux bâtiments sont construits en respectant l’orientation des fossés et les comblent. Un troisième bâtiment complète l’ensemble. Leurs dimensions et leur mode de construction semblent comparables à ceux de la première campagne de construction. Une cour excavée et remblayée de blocs de schiste est associée à ces bâtiments maçonnés dont il ne subsiste que des tranchées de récupération de murs et un lambeau de niveau de sol en terre battue. Enfin, une dernière phase de construction permet la création d’un bâtiment d’habitation à l’emplacement de celui situé au sud de l’emprise, orienté sud-nord. Les fondations d’une tourelle d’escalier saillante en forme de fer à cheval ont été dégagées à l’angle sud-ouest de la construction. L’ensemble de la ferme semble être occupée au moins jusqu’au début du XVIIIe siècle et est ainsi délaissée au milieu du XVIIIe siècle au profit de la parcelle située le plus à l’est.
Sans qu’aucun texte faisant référence directement à la Ruaudière n’ait encore été trouvé, une étude d’archives préliminaire a permis de situer cette exploitation dans les réseaux de pouvoirs seigneuriaux de Neuville à l’époque Moderne et, couplée avec l’étude des réseaux viaires et parcellaires par les méthodes d’archéogéographie, a permis de dégager des hypothèses quant à son statut : il s’agirait en effet d’une ferme de moyenne importance exploitée sans doute par des fermiers dont le statut précis – propriétaire ? Exploitant ? - reste à déterminer. Cependant, la présence de la tourelle d’escalier dans la maison d’habitation de la dernière phase d’occupation pourrait indiquer la volonté par le propriétaire de paraître ou pour le moins de se positionner au sein d’une certaine élite paysanne.
L’exploitation a une position intéressante dans le terroir de Neuville entre un micro-plateau « labourable » et la proximité de la « rivière de la Mercerie » propice au pâturage ou au pré de fauche. La ferme se place également au coeur d’un circuit d’échanges commerciaux de transformation du lait : la poterie en grès produite à Ger et particulièrement destinée à la production du beurre (Vire-Isigny) à l’époque Moderne domine largement les artefacts céramique sur le site. La cave à compartiments du bâtiment d’habitation de la première phase est sans doute destinée à conserver quelques jours les jattes en attendant la montée de la crème pour la confection du beurre. La laiterie est une pièce que l’on trouve couramment dans les logis des fermes – mais rarement étudiée par l’archéologie - et également dans les centres d’exploitation de domaine seigneurial, et ce durant toute l’époque Moderne. L’intérêt de ce site réside ainsi en la caractérisation des bâtiments d’habitation et d’exploitation d’un domaine agricole roturier habité par une certaine élite paysanne. Précisons enfin que ce site permet d’étudier un type d’habitat délaissé par l’archéologie et permet d’approcher, de concert avec les historiens modernistes, la notion d’élite paysanne à l’époque Moderne au regard de la manière d’habiter et d’exploiter le Bocage virois.

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